Mark Zuckerberg fera son apparition au Congrès américain le 23 octobre prochain. Il a accepté une demande formulée par la commission des services financiers de la chambre des représentants. Ce sera pour lui l’occasion de témoigner de la légitimité de la Libra, et de répondre à toutes les questions portant sur la sécurité des données et les retombées financières voire fiscales de la future cryptomonnaie.

Quelques jours pour témoigner et rassurer le Congrès

C’est la House Financial Services, la commission chargée des affaires financières de la chambre des Etats-Unis qui a interpellé Mark Zuckerberg, mais ce dernier témoignera devant tout le Congrès Américain. On se rappelle du passage du CEO de Facebook devant ces mêmes législateurs américains en 2018, et lors du scandale dénommé « Facebook  – Cambridge Analytica ». Zuckerberg devait alors témoigner sur cette affaire portant sur une importante fuite de données personnelles, concernant près de 87 millions de ses utilisateurs. Laquelle fuite aurait aidé à influencer les votes de nombreux citoyens américains (par l’entremise de Cambridge Analytica ). La fuite est réelle, la manipulation des votes reste à prouver, mais le géant du net avait cependant reconnu la faille.

Ce dernier scandale touchant Facebook est sans doute encore très frais dans la mémoire du Congrès, malgré les excuses alors formulées par le réseau social. C’est dans un tel contexte de défiance vis-à-vis de la capacité de Facebook à gérer les données de ses utilisateurs, que les membres de la Chambre des représentants et du Sénat entendront Marck Zuckerberg.

Il lui faudra cette fois-ci défendre sont projet de cryptomonnaie, la Libra, qu’il partage avec 26 autres entités privées et internationales. La rencontre avec le CEO de Facebook devrait être dirigée par Maxine Waters, le chef du Comité des services financiers de la chambre, à la date du 23 octobre à 10h, heure américaine. L’ordre du jour est sans équivoque et porte le nom suivant : « Examen de Facebook et de son impact sur les secteurs des services financiers et du logement ».

Facebook sera donc passé au peigne fin, étant donné que la Commission fédérale du commerce ainsi que le comité judiciaire sont actuellement à la recherche de toutes les failles que pourraient présenter la société de services en ligne dans le déroulement de ses activités. Les questions pourraient donc aller bien au-delà du simple lancement de la Libra.

Selon le porte-parole de Facebook, « Mark a hâte de témoigner devant le Comité des services financiers de la chambre et de répondre aux questions des législateurs »

Pourquoi tant d’acharnement sur Facebook et la cryptomonnaie Libra ?

Facebook et ses partenaires n’émettent pas encore de Libra, mais les détracteurs du projet se multiplient. Et ces détracteurs sont de taille, puisqu’il s’agit essentiellement des dirigeants et des régulateurs de la finance mondiale.

Paypal, qui était l’un des plus importants associés de Facebook dans la création et le développement de la Libra, a dû abandonner le projet. D’autres partenaires-fondateurs sont en phase de réflexion et la Libra suscite encore bon nombre de critiques en Europe et en Amérique.

Deux membres de la commission bancaire du Sénat américain ont d’ailleurs envoyé des correspondances aux CEO respectifs de Stripe et de Mastercard, leur demandant d’examiner attentivement la manière dont leur société gérera les risques du projet Libra, ceci avant de poursuivre dans leur voie.

Si la défiance est grande en ce qui concerne la Libra, c’est surtout parce que le potentiel d’utilisation de cette cryptomonnaie à venir est extrêmement grand. Facebook à lui seul enregistre non moins de 2 milliards d’utilisateurs, sans doute prêts à valider la nouvelle solution de paiement qui leur sera proposée.

On peut compter aussi le fait que la Libra apparaît aujourd’hui comme étant une future monnaie numérique de portée mondiale, mais également privatisée. Pour plusieurs dirigeants américains comme pour ceux européens ou asiatiques, cela n’est pas acceptable.

Une cryptomonnaie séparée des circuits bancaires traditionnels pourrait détruire la finance classique actuelle, si elle obtenait la confiance massive des utilisateurs et ce, à une échelle mondiale. Pour Bruno Lemaire, Ministre français de l’Economie et des Finances, la « souveraineté monétaire des États est en jeu ». 

D’autres commentateurs espèrent par contre que l’initiative privée fasse bien mieux, là où la régulation publique a longtemps échouée.