Les cryptomonnaies font beaucoup parler d’elles en ce moment dans les sphères institutionnelles avec l’arrivée de la Libra, le projet lancé par Facebook et ses partenaires. Les régulateurs ont émis de nombreuses critiques et réserves à l’endroit du futur stablecoin dénommé Libra, et l’Union Européenne n’est pas en reste. Après Bruno Lemaire, Ministre de l’Economie et des Finances en France, son homologue allemand, Olaf Scholz, et le commissaire européen aux Finances, Valdis Dombrovskis, se sont aussi exprimés.
Crypto-finance : L’Europe à la croisée des chemins
Le ministre des Finances en Allemagne, Olaf Scholz, est motivé par l’idée consistant à créer une version numérique de l’Euro, mais il ne se satisfait en aucun cas d’une cryptomonnaie générée par des sociétés privées. En cela, il rejoint Bruno Lemaire dans ses critiques touchant la Libra.
« L’un des éléments fondamentaux de la souveraineté de l’État est l’émission d’une monnaie. Nous ne laisserons pas cela aux entreprises privées. », a-t-il déclaré face à la presse locale.
L’officiel allemand reste conscient que les réalités de la finance mondiale incitent l’Europe à se positionner quant à la dématérialisation de la monnaie et des moyens de paiements, afin de ne pas accuser trop de retard face au reste du monde.
« Un tel système de paiement serait bénéfique pour le centre financier et son intégration dans le système financier mondial », a affirmé Scholz en parlant d’une éventuelle monnaie numérique cryptée européenne : L’e-Euro. Ceci, avant d’ajouter : « Nous ne devrions pas laisser ce domaine à la Chine, à la Russie, aux États-Unis ou à aucun autre acteur privé. »

Le ministre fédéral n’est pas le seul à s’inquiéter des perspectives de l’Europe face aux nouvelles donnes financières et au développement des cryptomonnaies. Le commissaire européen aux finances et vice-président de la Commission européenne pour l’Euro et le dialogue social, Valdis Dombrovskis, pense à la probable nécessité d’un nouveau cadre réglementaire visant à mieux préparer l’Union Européenne à l’avènement des cryptomonnaies telles que la Libra.
«L’Europe a besoin d’une approche commune sur les crypto-actifs tels que la Libra. J’ai l’intention de proposer une nouvelle législation à ce sujet ».
Quand la Libra soulève des discussions dans l’Union Européenne et outre-Atlantique
L’Union Européenne travaille concrètement aux moyens de ne pas voir son économie happée par la stablecoin Libra, ou par tout autre actif numérique stable qui pourrait concurrencer à long terme la devise de l’Europe.
La commission européenne et ses 28 membres, chargés d’assurer la stabilité financière de l’union, celle de ses services financiers ainsi que la sécurité de ses marchés financiers, a transmis un questionnaire à L’Association Libra.

L’information est révélée par le Financial Times. Le magazine évoque un ensemble de questions adressées aux fondateurs de la Libra. L’Union européenne cherche ainsi à connaitre les détails de la stabilité financière de la future cryptomonnaie, les risques privés qu’elle peut engendrer, et tente d’évaluer son niveau de sécurité devant être reflété par l’existence d’une réserve de devises.
Dombrovskis parle d’une « forte volonté d’agir » concernant la Libra. Il exprime aussi de cette manière une forte volonté de défendre l’intérêt exclusivement européen.
Les critiques sont si importantes et nombreuses que PayPal, précédemment partenaire de Facebook dans l’Association Libra, a dû se retirer du projet afin de pas hypothéquer le bon fonctionnement de ses activités principales.
Du côté des Etats-Unis, la Libra ne laisse pas non plus indifférente. Maxime Waters, une députée de la chambre des représentants et chef du comité des services financiers, attend de l’entreprise Facebook qu’elle reporte le lancement de sa cryptomonnaie en attendant d’avoir la claire approbation des régulateurs financiers.
La présence de Marck Zuckerberg est d’ailleurs sollicitée d’ici début 2020 à la chambre des représentants. Ce dernier pourrait ainsi répondre à diverses questions et s’exprimer en personne touchant l’ensemble des polémiques que suscite la Libra.