Après plusieurs semaines de doutes et de rumeurs de retrait, PayPal a finalement annoncé qu’il ne faisait plus partie du projet de lancement de la Libra. La déclaration officielle a été faite ce vendredi, faisant du géant du paiement en ligne la première firme co-fondatrice de la Libra à s’être retirée du projet. La question de l’engagement des 27 membres (incluant Facebook) restants du projet reste quant à elle totale et entière.
Paypal cède face à la pression des régulateurs
Il faut le dire, la Libra a été une cryptomonnaie controversée dès l’annonce du projet, notamment auprès des institutions publiques et celles de régulations monétaires et financières. Pour les multinationales, l’idée d’une cryptomonnaie flexible, pouvant s’échanger facilement et très largement était on ne peut plus intéressante. De grandes sociétés telles qu’Ebay, Visa, Mastercard ou PayPal avaient donc adhéré à la Libra en tant que fondateurs et membres de l’Association Libra.

Si aujourd’hui, Paypal, autrefois enthousiasmé par une telle initiative dans le domaine de la cryptomonnaie a annoncé son retrait officiel, c’est sans doute par crainte des conséquences pouvant résulter du désaccord des autorités de régulation telle que La Banque Centrale Européenne (BCE) ou la Réserve fédérale des Etats-Unis (La FED).
La déclaration de PayPal laisse d’ailleurs entrevoir que la Libra ne lui est toujours pas indifférente : «Nous continuons de soutenir les aspirations de la Libra et attendons avec intérêt la poursuite du dialogue sur les moyens de travailler ensemble à l’avenir. Facebook est un partenaire stratégique de longue date et de grande valeur pour PayPal et nous continuerons à collaborer et à soutenir Facebook à divers titres. »
Récemment, un membre de la société de paiement en ligne expliquait que PayPal ne pouvait en aucun cas courir le risque d’enregistrer un contentieux avec les régulateurs.
Il a ajouté encore que Facebook devait apporter des réponses claires aux préoccupations des régulateurs du système monétaire et financier, incluant des risques d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent. La France, pour sa part, n’a pas hésité à dire qu’elle empêcherait la Libra de se développer dans l’Union Européenne.
C’est là autant de raisons pour justifier le recul d’une entreprise comme Paypal, qui entretient jusqu’ici d’excellentes relations avec l’ensemble des institutions dont dépendent les dispositifs monétaires et fiscaux.
La Libra de Facebook pourra-t-elle être lancée en 2020 ?
Une rencontre doit avoir lieu à Genève le 14 octobre prochain entre les membres de l’Association Libra. Les 27 entreprises membres (28, avant le retrait de PayPal) devront signer un accord les engageant officiellement au projet de cryptomonnaie initié par Facebook.
Les analystes trouvent en cette rencontre à Genève, la raison qui a poussé Paypal à se démarquer sans plus attendre. Ceci, afin que l’entreprise de paiement ne soit pas obligée de s’impliquer officiellement dans un tel projet qu’il juge avantageux, mais beaucoup trop risqué en l’état.

Paypal est le premier associé à se séparer stratégiquement de Facebook, mais d’autres multinationales pourraient bien la suivre dans cette décision de prudence. D’ici la date de la réunion à Genève, tous les scénarios sont encore possibles.
Wall Street Journal a ainsi annoncé que des entreprises spécialisées dans le paiement, à savoir Visa et Mastercard, serait entrain de reconsidérer leur engagement dans le projet Libra.
Le CEO de Visa a lui-même annoncé la couleur : « Personne n’a encore officiellement rejoint le groupe. Nous sommes en pourparlers et notre décision ultime d’adhérer sera déterminée par un certain nombre de facteurs, notamment la capacité de l’association à satisfaire à toutes les exigences réglementaires requises. »
Le Directeur Général d’Apple, Tim Cook dont la société n’est pas membre de Libra, s’est placé dans la même ligne que les régulateurs et les Etats défavorables à l’arrivée de la Libra : « Je pense profondément que la monnaie doit rester dans les mains des États. Je ne suis pas à l’aise avec l’idée qu’un groupe privé crée une monnaie concurrente. Une entreprise privée n’a pas à chercher à gagner du pouvoir par ce biais ».
Des analystes plus optimistes pensent que la Libra verra bel et bien le jour, mais ils doutent fortement que cela puisse se produire en 2020.